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Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.

EMOTION DANS L’AIR DE LA FIN DE L’ETE

 

 

 Tout à l’heure, Joseph, douze ans, qui gratouille avec espoir et ténacité la guitare qu’il a eue pour son anniversaire, a produit un accord (un Si mineur) qui m’a fait instinctivement commencer à chanter la Supplique pour être enterré sur la plage de Sète. Ça m’est venu comme ça. Nous avons ensuite, tous les deux, merdouillé sur ce morceau de bravoure et d’anthologie pour, finalement, aller à la source voir sur Dailymotion, le bonhomme le chanter.

 

Brassens

A chaque fois que je revois Georges tout gris, noir, charbonneux sur la scène de ce Bobino 75, je ne peux retenir une émotion qui me fait venir les larmes aux yeux. A chaque fois, je ne peux réprimer ce commentaire : « Quel gentil ! Quelle beauté ! ». Brassens, physiquement, à cette époque de sa vie est superbe. Emacié, sans âge, les cheveux comme un halo, une sueur mesurée de travailleur. Le parapet de la moustache qui filtre le verbe. Ce qui me frappe, à chaque fois, c’est l’incroyable acuité du regard, deux morceaux d’obsidienne à la fixité intense qui vous transpercent et, pour le reste, cette modestie, cette économie.

Brassens est au creux de moi depuis que j’ai l’âge de me souvenir d’un air, d’un vers, d’une atmosphère. Je me suis construit à la fausse violence de ses textes, je me suis structuré à la fausse simplicité de sa mélodie. Je connais tous les méandres de sa création. Je me délecte aux tours et pourtours de sa scansion impeccable.

Ce chrétien caché et magnifique qui nous parle merveilleusement, parfois par antiphrases,  de Dieu et de l’évangile (comme dans Les quatre bacheliers), eût été un exceptionnel disciple. Un porteur de bonne parole. Il s’est déguisé en loup-garou dévoreur de flics, de curés et de bourgeois. Mais il n’a jamais été embrigadé et on ne le vit dans aucun défilé.

Ferrer

ferrer.jpg

Une autre émotion qui vous paraîtra plus incongrue. Nous passons souvent, en voiture, parce que les enfants trouvent ça rigolo, un best of de Nino Ferrer. Et si je ne me lasse pas de ce qui pourrait être une scie mais qui ne l’est finalement jamais, c’est qu’à chaque fois je m’émerveille de  l’exceptionnelle qualité d’écriture de ses chansons, de la précision diabolique de ses arrangements rendant même supportable l’orgue Hammond. Et cette attitude pop chic tellement rare en France dans les années 60-70! Quand je l’entends, je vois aussi, derrière l’amuseur, l’image terrible de ce type proche de ce suicide qu’il réussit d’un coup de fusil, au beau milieu d’un champ. Ferrer s’est séparé des gens et des siens. Lui, l’ethnologue de formation, lassé de scruter l’humain, qui inventa des univers burlesques surpeuplés d’amis, frères, cousins, collègues. Et je ne me défais que difficilement, je vous l’avoue,  du souvenir rayonnant de la pochette de son album « Le Sud ». Je chante toujours, enfin, avec des larmes, « La rua madureira ». Cliquez. Il faut écouter, en détail, Nino Ferrer.

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