Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Vacance du pouvoir. A droite, le désert. A gauche, le chaos. Joli paysage ! Le malaise présidentiel d’hier a dû, comme moi, vous faire arriver à ce constat. Je ne le souhaite pas à Sarkozy, mais imaginez que cela ait été vraiment grave… Qui pourrait profiter de la situation ? Plus personne.
Vacance du goût. Pantacourts , t-shirts près du corps, tongs, cheveux super-courts : les mâles français ont mis leur tenue de camping testostéronogène. Même quand ils habitent Paris, même quand ils vont travailler, ils mettent leur tenue de camping. Par exemple, au bureau de poste Paris-Observatoire, boulevard du Montparnasse, transformé en un lieu incroyable. Un lieu qui n’est plus ni un commerce, ni une administration, où l’on peut acheter tout et n’importe quoi, bibelots, autos miniatures, timbres, boîtes en carton, coffrets cadeaux. Dans ce lieu qui n’est plus rien, ils sont tous habillés comme ça. J’ai cru que c’était l’uniforme de postier imposé par l’entreprise pour l’été. Pas du tout. Tatanes, sandales suédo-hollandaises, doigts de pied ; ficelles qui pendent le long des mollets ; chacun y allait de son interprétation du look camping-urbain-prout-prout-propre sur lui. J’ai été heureux de voir dépasser, fugitivement, du chambranle d’une porte le bout de mégot éteint d’un syndiqué à queue-de-cheval grasse. La vraie Poste, quoi !
Vacance du talent. Je me faisais cette réflexion, l’autre jour : comment notre époque peut-elle être aussi dénuée de talent pour être à ce point dans l’imitation servile et le culte d’une autre. Moi ça me plaît, puisque l’époque de référence, c’est 1968-1974, en gros. Ecoutez la musique, regardez la déco, décryptez les typos utilisées par les publicitaires. Dans les playlists que me préparent mes fils aînés, étudiants, je suis infichu de distinguer ce qui date d’aujourd’hui et de ce qui date de ce temps. On rêve tellement des combats de ces années là. On souffre tellement d’être désœuvré, de ne servir tellement à rien. Ce qu’on adorerait, aux infos de la nuit, dans un petit grésillement, c’est entendre que l’homme vient de poser le pied sur la Lune. Comme ce serait moderne, universel, et enthousiasmant !
Vacance de Michael Jackson. Vacance non pas du corps, qui a disparu (c’est quand même inquiétant, non ?) mais évanouissement d’un pan entier de la musique du monde. Je n’ai jamais été particulièrement fan de ce type, mais là, en écoutant l’hommage que lui rendit Stevie Wonder à cette étrange fête… Pour inspirer si fort, faire si puissamment chanter, si bien jouer du piano, je me dis qu’il manquera. Qu’il y aura un trou.
Stevie ici : https://youtu.be/aejQHbet5YY
Bonnes vacances. Je file à l’Ile d’Yeu.