Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Un mois que je ne vous ai pas indisposés. Le retour de Bruno m’a occupé l’esprit (voir en dessous). La paresse a fait le reste.
Parties communes
Dimanche, 16h30. Dring ! Mon portable fait « Dring » comme un vieux téléPhone. « Monsieur Schlegel, ici le directeur de l’école. Je vous appelle parce que, vendredi, à l’heure de l’étude, il y a eu un incident grave. » Stupeur ! Je crains évidemment que mon Henri, 6 ans, n’ait fait une bêtise assez impardonnable pour que M. le directeur prenne soin de pourrir son dimanche et le mien à cette révélation.
- Ah ?
- Oui, on vous a peut être dit, enfin, comment dire…
- Ah, oui, le monsieur qui a exposé son anatomie sur son balcon en face de la cour de récréation. Je suis au courant. Henri est revenu hilare de l’école.
- C’est cela. Je voulais vous dire que, si vous le souhaitez, nous avons demandé à un psychologue de recevoir lundi les enfants qui en auraient besoin. C’est pour cela que j’appelle tous les parents.
Ce type m’a semblé terrorisé à l’idée que le lobby parental et précautionneux par principe vienne lui chercher noise. Nous, quand un monsieur montrait sa bistouriquette aux petits enfants, on se marrait. C’était un vrai sujet de rigolade. On en a fait un sujet d’angoisse. Rallumez ! Le film est trop mauvais.
Division du travail
Tout à l’heure, rue Daguerre. Un chantier d’installation de je-ne-sais-quel câblage sous-terrain. Il y a un Noir avec un casque au fond du trou qui pellette le mauvais sable déjà mille fois retourné, pisseux (la plage de 68 qui dormait sous les pavés, sur laquelle Dany, maintenant, ne sait plus faire pousser que des bons scores bobos ). Il y a deux Arabes avec des casques qui regardent. Ce sont eux qui ont préalablement tracé, à la peinture fluo, les limites du trou à creuser et défoncé l’asphalte. Il y a trois Européens avec des casques et des cravates, qui tournent et retournent le plan du chantier. Cela fait six casques.
22 juin
Lundi prochain, c’est le 22 juin. Je crois que c’est le plus beau jour de l’année. 22 juin, c’est chaud, c’est l’été, c’est couleur d’abricot. C’est la fin de l’école. C’est bientôt la distribution des prix. C’est la fraîcheur des soirs du jardin d’Evreux, les odeurs, l’incroyable douceur. C’est le droit de rester jusqu’à dix heures. C’est la fumée des cigarettes grillées assis en rond. Il y a une guitare dans ces premières années 70, il y a une Suzanne… You can spend the night beside her. C’est un jour de passage. Avant l’éblouissement. Les vacances. Et c’est mon anniversaire. Putain, quelle nostalgie !