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Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.

A FRONTS RENVERSANTS

 

 

J’ai vu Jean-Luc Mélenchon, hier, dans « Des paroles et des actes » sur France 2 où il a attiré 3,3 millions de spectateurs. Une performance qui donne à réfléchir. Je l’ai trouvé très bon, clair, incisif, drôle, entier et même intègre, au sens où ce qui sort de sa bouche ne semble le résultat d’aucun compromis. Même avec son air de tribun de la IIIème République, il paraît loin du festival de nez qui s’allongent, loin du grand écart obligé des candidats qui ménagent la chèvre et le chou.

 

Opportunément Hervé Gattegno, en fin d’émission, lui fit remarquer qu’il semblait marcher sur les brisées de Georges Marchais. Voilà bien longtemps que l’on n’avait plus évoqué le grand animateur cathodiqueMelenchon-Marchais.png du débat politique des années 70. Un nom que l’on n’avait plus entendu depuis longtemps. Un temps où un responsable politique pouvait prendre à partie, vilipender, clouer le bec. Avec ou sans postillons. Jusqu’à ces dernières semaines, assimiler un homme politique à Georges Marchais relevait de l’insulte, Marchais que le nettoyage, voire l’épuration idéologique, avait éliminé, dont le mur de Berlin dans sa chute fracassante avait tiré un rideau sur la mémoire. Et pourtant, Mélenchon en a rosi (rougi ?) de plaisir…

 

C’est symptomatique du retour de la parole forte, clivante. Symptomatique de ce que le discours radical n’est plus groupusculaire ou exotique. Symptomatique d’une lutte des classes à nouveau assise sur une base large. Alors que l’accusation de populisme ne blesse pas tant les responsables politiques que le peuple lui-même, alors que le PS s’est coupé des plus modestes, dans sa fuite en avant écolo-bobo-terranoviste, alors que Sarkozy a déçu les classes populaires qui l’avaient élu, Mélenchon réarme, avec l’affirmation que l’action politique ne saurait s’entendre sans l’action syndicale et sans la mobilisation des masses. Passer de l’indignation gnan-gnan à l’action, la vraie.La posture de Mélenchon traduit aussi le retour d'une réalité en politique : le besoin de leadership. Mélenchon se positionne comme un leader à l'ancienne, entraîneur, coach, porte-parole sur la scène médiatique comme, potentiellement, dans la rue. Les candidats qui remuent les bras en semblant dire "Venez, venez, petits électeurs" ne sont plus  les leaders dont les gens ont besoin.

 

Il existe donc aujourd’hui deux fronts, non-bourgeois, dont le fond de commerce électoral sont les classes populaires. Les deux fronts (un choix de mot qui n’est pas anodin, signifiant bien que le combat politique doit se situer dans une logique d’avant-garde et de première ligne, de confrontation active et pas seulement de byzantins jeux d’inerties) ont la même volonté de ne pas rester des figurants, et à défaut de gouverner (Mélenchon ne se place pas dans une logique de deuxième tour) de peser.  En mettant dans la lumière, et en mettant en scène, les difficultés et les peurs des vraies gens. En obligeant à considérer le pays réel.

 

On comprend dès lors que la marge de manœuvre des deux grands partis se réduise. A la gauche de la gauche, à la droite (pour partie) de la droite, ils sont empêtrés chacun dans son appareil et son histoire, qui avec ses éléphants technos et déconsidérés, qui avec ses godillots au discours étriqué.

Mélenchon ne croit pas à leur avenir et leur promet l’explosion, sous les coups de boutoir de la réalité économique et sociale, de la réalité du monde tel qu’il va. Cette explosion pourrait bien profiter, non pas aux deux fronts, mais à une autre voie politique, sereine, démocratique, responsable, et française.

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D
<br /> brillant<br />
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V
<br /> <br /> Merci Dominique. A bientôt!<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Juste. <br /> <br /> <br /> Ca rappelle les éléction de 1956, ou gaullistes et communistes, les "hors système", étaient devenus majoritaires.<br /> <br /> <br />  <br />
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V
<br /> <br /> Oui. Content de te lire. Dans les choses que je voulais dire, il y a ceci : additionne les voix du FN et celle du FDG, tu as 25 %, comme au temps du PC fort ...<br /> <br /> <br /> <br />