Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Avez-vous entendu le patron de l’INRA à Colmar, au bord des larmes, parler du saccage par les Faucheurs Volontaires d'OGM de la parcelle de vignes transgéniques sur lesquelles ses chercheurs travaillaient depuis presque 10 ans ? Avez-vous mesuré à quel point cette opération, agrémentée d’une mise en scène macabre digne de potaches, était un signe de la vertigineuse régression dans laquelle nous sommes, nous Français, engagés ? L’idée de cet essai était de donner aux jeunes vignes les moyens de se défendre contre la maladie du court-noué qui touche 20% des vignes en Alsace. Cet essai, parfaitement maîtrisé et suivi, était le symbole d’une recherche démocratique, menée non pas par le présumé-ignoble M. Monsanto, mais par le cœur battant de la recherche républicaine au profit d’une communauté professionnelle et économique locale.
Un terrorisme
L’imbécillité absolue de cette organisation de faucheurs est terrifiante. Parce qu’elle est totalitaire. Et qu’au-delà de quelques plaintes qui ont peur de s’élever ici et là, le mutisme des responsables nationaux est total. Alors que les tsiganes indésirables sont pourchassés par les CRS et que l'activité gouvernementale est intense au sujet de la sécurité, on n’entend ni M. Le Maire, ni le d’habitude si disert M. Borloo parler de ce que devraient encourir ces idéologues rétrogrades et leurs suiveurs sectaires. La question des OGM est devenue tellement taboue que plus un responsable n’ose dire que ce qui s’est passé est un scandale et un crime contre l’avenir. On envoie les seconds couteaux ou les scientifiques eux-mêmes, qui n’ont que leur honnêteté et leur rage à opposer. Sur ce sujet comme sur certains autres, on a terrorisé les Français, on les a véritablement mentalement modifiés. Et ici comme ailleurs, la complaisance sondagière s’allie à l’obscurantisme : surtout, ne fâchons pas Madame Michu, pour qui tout était mieux avant, ni son fils, pour qui demain n’augure rien de bon.
Le progrès hors-la-loi
En France aujourd’hui, l’idée de progrès n’a plus droit de cité, n’est plus défendue par personne. Vous imaginez ce qu’aurait été l’avancée scientifique si, dès l’origine, on avait appliqué le principe de précaution ? On en serait à peu près à l’âge de pierre où, entre parenthèses, il y avait au mieux 10 millions d’habitants sur la Terre. Mais on est dans un paradoxe : tout semble avoir été inventé et pourtant la moitié de ce qui l’aura été dans cinquante ans n'est pas encore sorti de la cervelle des chercheurs, des scientifiques, des Géo-trouve-tout et ... des robots. Et Dieu sait s’il faudra en inventer des choses, pour soigner, occuper et nourrir les 10 milliards que nous serons à tourner ici-bas, au prix d’une prise de risque qu’il faudra contrôler. Or la France, faite aux pattes par ses idées à trois ronds, ne se donne même plus les moyens ni de s’engager dans des voies risquées ni de posséder les outils et les expertises permettant de contrôler la marche du progrès. On a le droit d'être contre le développement à tout-va des OGM. On n’a pas le droit de laisser à des états moins consciencieux le champ entièrement libre. Au propre comme au figuré.