Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Relevé ces jours-ci l’expression « Le Cloud Computing à la Française ». Tu m’en diras tant. Bon, on sait que le cloud computing va révolutionner nos vies : nous allons nous alléger de nos stocks de données et de notre hardware lourdingue et encombrant pour, tels des elfes, ne nous satisfaire que de terminaux aériens, mobiles, agiles. Mais ce cloud computing, on le fera à la française. En associant les champ ions français des secteurs stratégiques. Pour que cette informatique dans les nuages soit la nôtre, sans risque de confusion avec celle des autres, sans risque d’irruptions néfastes dans nos données.
Vous avez remarqué qu’on utilise souvent ce « à la française ». Qui veut (nous) dire quoi ? Qu’on ne va pas faire comme les autres, et d’abord comme ceux qui ont inventé le truc. On va repasser ça par notre cervelle. Celle de nos hommes politiques, celle de nos chercheurs, celle de nos syndicalistes, celle de nos metteurs en scène. Une voie française… On va amender l’idée au filtre de nos traditions, de nos obsessions, de notre génie et de nos mesquineries. On va revoir le modèle pour lui trouver la bonne petite ergonomie. Que le bazar soit vraiment bien franco-compatible. Quelle arrogance, parfois !
« Première dame ». Quand arrêteront-ils d’utiliser cette expression bêtifiante pour parler de Madame Bruni-Sarkozy. Dans un pays, il devrait y avoir une hiérarchie des dames ? Pas des femmes, hein, des dames! Pourquoi la première ? Surtout quand elle est la troisième du monsieur, et qu’elle même a été la dame d’un certain nombre d'autres qui ne furent certes pas présidents, mais assez importants. Première dame, First Lady, ça fait gala de charité ruisselant de bons sentiments et de diadèmes emperlouzés, et ça ne colle pas tout fait avec l’idée de la République, même celle-ci, et du président de la République, même celui-ci.
L’unanimisme bêlant après l’incendie de Charlie Hebdo. Claude Guéant qui se précipite sur les lieux compatir aux malheurs d’un "symbole de la liberté de la presse"! Quelque chose me choque dans cette histoire. S’amuser à caricaturer Mahomet, ce n’est pas lutter contre l’islamisme, mais s’en prendre à l’islam tout court. Dans cette religion, on n’a pas le droit de représenter le prophète. C’est comme ça. Ce n’est pas une pratique qui contrevient aux lois de la République. On est loin des préceptes contraires à notre culture heureusement dominante. C’est blessant pour tous les musulmans, même les plus modérés. Bon d’accord, on n’était pas obligé d’incendier la rédaction du journal, ce qui est un acte de terrorisme. Mais ces cris d'orfraie ... Dans le même ordre d'idées, ce n'est pas parce qu'un groupe d'ultras a esquinté "Piss Christ", du photographe Andres Serrano et, pour faire plus fort, que des fondamentalistes catholiques ont mis le souk dans une représentation de l'élégant "Shit Christ" du distingué Romeo Castellucci, que tous les chrétiens ne pourraient pas être scandalisés par le sort qu'on réserve à celui qu'on a le droit de représenter, lui, mais aussi, apparemment, de supplicier pour les siècles des siècles. Le vinaigre dans les plaies, ce n'était qu'un avant-goût.