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Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.

DE LA PHYSIQUE EN POLITIQUE

 

La crise ronge les certitudes. La campagne monte en puissance. C’est amusant et terrible à la fois. Nos petits intérêts, nos niches, nos prébendes, notre modèèèèèèle social, nos privilèges, nos arriérations vont de nouveau alimenter la chronique. Nos insuffisances affleurer. Nos jérémiades sourdre.220px-PacMan Ghost.svg

 

Perdre son Triple A

Ce qui est réconfortant, c’est qu’aujourd’hui, grâce à l’interconnexion béatement tissée entre toutes nos économies – pas entre nos nations, hein, pas entre nos cultures, pas entre nos espoirs ! – le défaut d’un petit, d’un sans-grade, ou les erreurs d’une ancienne grande puissance, nous par exemple, peut foutre le système par terre. La revanche de ceux qu’on a écrabouillés, le retour des réalités historiques. Le poids de la légèreté des pays où Dieu était heureux.

 

Les liaisons délétères

François Hollande n’avait pas besoin des assassins du progrès, des inventeurs de nouveaux tabous, des faucheurs aveugles d’OGM, des promoteurs de défilés citoyens, des anti-droit de veto à l’ONU, des multiplicateurs d’interdits dans la société et de sens interdits dans Paris, des fossoyeurs de l’esprit français, des ayatollahs vert-de-gris (pour le totalitarisme, l’arrogance, le cynisme de leur position). Hollande se serait grandi, et aurait grandi son parti, à y aller et vouloir gagner seul. Il suffisait de marginaliser cette escouade de sectateurs lourds, si lourds, si peu élégants, si ternes et, c’est maintenant une évidence, tellement amateurs de tambouille, les mains plongeant dans la confiture garantie sans atome mais avec députés. A propos de cuisine, l’écologie, c’est comme la gastronomie : on a eu besoin de Gault & Millau quand il a fallu réveiller des consciences, faire bouger une vision statufiée de la bouffe française. On n’a plus eu besoin d’eux quand tous les grands journaux, dans d’excellentes rubriques, ont fait appel à d’excellents critiques. On n’a plus besoin d’un parti écologiste : les grands partis peuvent parfaitement s’en occuper, en connectant de façon fluide et pertinente les enjeux environnementaux aux grands enjeux économiques, sociaux, culturels et de santé publique dans des programmes cohérents. L’existence de ce parti au nom ridicule, Euh Euh Elle Véêêh, bien obligé de trouver sa place sur un échiquier déjà pourvu en bon spécialistes, se traduit nécessairement par une fuite en avant jusqu’au-boutiste, par l’apparition de modèles d’organisation foldingues, par une approche incroyablement anti-naturelle. Un comble pour un mouvement qui est parti d’une volonté respectable de défendre … la nature. En fait, de purs idéologues brûlant de défaire les écosystèmes qui nous construisent (on ne savait pas que ça s’appelait comme ça) pour en inventer d’autres, artificiels et échafaudés sur des sophismes pervers. De dangereux guignols au masque grimaçant, finalement anonymes et désincarnés, ou alors cachés derrière des lunettes rouges glaçantes et la diction engageante d’une obersturmführerin vitrifiante.

 

Rassemblement / cristallisation.

Un peu d’observation physico-politique non partisane, quoi qu’il en paraisse. La grande différence entre l’approche de Hollande et celle de Sarkozy est dans ces deux mots : rassemblement, cristallisation. Hollande qui n’a pas de charisme, qui est un homme de la IVème, qui n’a pas de capacité d’émergence (il était, avant de se transformer en présidentiable emmerdant, un commentateur immobile et franchement drôle) est obligé de faire le grand écart et, derrière l’honorable ambition de rassembler, de ménager la chèvre et le chou, de ne pas aller contre les oukases et les fatwas des susdits foldingues verts, les bonnes vieilles haines rouges qui vous marquent au fer, les rodomontades libéralo-Terra Nova des technocrates du Faubourg Saint-Germain. Après l’élection, celui qui a rassemblé doit composer dans un esprit de loge avec toutes les parties de son manteau d’Arlequin. Hollande devra faire s’entendre les verts avec les bleus, les roses avec les rouges. Et sûrement gouverner a minima.  

Prenez maintenant l’exemple de Sarkozy en 2007. Sarkozy n’a pas rassemblé. Avec ce talent, cette vigueur, cette typicité, cette posture, cette différence qui lui étaient propres, il a aimanté, agrégé les mouvements mais aussi des personnalités, variées, improbables. Il a créé un ensemble magnétisé par lui plus que par son projet (cette histoire d’un homme qui a rencontré le peuple). Et son parti n’a été qu’un adjuvant de cette capacité d’aimantation autour de sa personne. Le lendemain de l’élection, ce qui n’était pas un rassemblement, mais un agrégat extrêmement fort d’êtres sarkozifiés (les politiques + les électeurs) est arrivé au pouvoir. Prenez un aimant, plongez-le dans une boîte de trombones, vous obtiendrez un ensemble cohérent, uni par un principe actif. L’aimant perd sa force : les trombones retournent à leur solitude, ou continuent à être accrochés par deux, trois, en petits ensembles épars. Sarkozy  Saison 2, on ne voit pas comment ça pourrait être un rassemblement. L’homme ne s’est pas ... grandi au point d’ouvrir les bras dans une gestuelle d’accueil. On va voir, cette fois, comment, autour de quoi, la cristallisation va opérer, et surtout, si elle opère.

 

Juste un point pour ajouter que l’émergence d’un Bayrou, d’une Royal, en 2007, ont par nécessité ou par hasard politique, procédé de la même loi physique. Chacun d’eux, face à cette puissance d’incarnation, a trouvé, moins fortement que Sarkozy, mais réellement, son principe actif, sa capacité d’attraction. Un autre phénomène physique : la tripolarisation.

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