Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Deux nouvelles campagnes de publicité issues de la même agence (Euro RSCG C&O) m’ont diversement intéressé, interrogé, interloqué.
Grand emprunt au patrimoine publicitaire
Avez-vous vu la campagne de pub sur le Grand Emprunt réalisée par « Le Gouvernement » (pas la France, pas la République, pas le Ministère des finances. Non. Le Gouvernement, les hommes qui nous gouvernent, le staff, quoi) ? La voici. « La France investit dans son avenir » nous dit l’annonce qui présente une Marianne enceinte. Elle est rebondie de projets et regarde vers l’est. Sa ligne bleue des Vosges est encombrée d’un fatras bien d’aujourd’hui « Enseignement / Formation, PME/Industrie, développement durable, économie numérique ». Plusieurs idées me viennent à l’esprit :
1. D’abord, cette bonne vieille Marianne reste une vedette incontestée de la pub française. Et cette Marianne enceinte, on ne nous l’avait jamais faite. Gros impact.
2. Je suis convaincu que certains mauvais esprits (pas moi, bien sûr) trouveront ça très IIIème République, un peu allégorique, un peu...
3. Inséminer, c’est investir : une vision de la paternité qu’on ne nous avait jamais proposée et qui a dû prendre vie chez un stakhanoviste de la procréation à visée allocationniste.
4. Mais la vraie question que tout le monde se posera, c’est : qui est le père ? La France, tu l’aimes et tu la b…
Salauds de pauvres
La même agence de publicité sort cette semaine une campagne pour le CCFD, avec l’ADIE la seule grande ONG de développement française. Le CCFD nous a longtemps engueulés avec des campagnes excellentes et archi-culpabilisantes comme celle-ci.
Cette fois, l’association s’engage dans une stratégie me semble-t-il plus adaptée à l’époque, et comptant moins sur l’inextinguibilité de notre réservoir d’indignation et de compassion. Cette fois, ce sont les pauvres du Sud qui, au-delà de nous faire pitié, nous tendent un piège. Ils dépassent la vision que nous avons d’eux en tant qu’hommes et femmes assistés, pour s'imposer comme responsables, acteurs de leur vie, partenaires des efforts que le donateur potentiel peut faire pour eux. C’est aussi le signe que le travail de gens comme le CCFD finit par payer, et qu’il y a un véritable effet retour sur la solidarité du Nord. Rafraîchissant.