Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Content de vous retrouver. J’ai eu un blanc, avec un liseré noir. La paresse a fait le reste. Bonne année !
Des vœux de propreté
C’est ce que la Fondation Cartier nous souhaite, ces premiers jours de janvier, en effaçant l’exposition permanente de tags qui en couvraient la façade depuis des mois. On va voir ce qu’est le Boulevard Raspail sans tags. On va faire la différence entre un bâtiment de Jean Nouvel avec art vivant populaire jeune merveilleux coloré et un bâtiment de Jean Nouvel sans art dégradant agressif envahissant complaisant.
La voix de la dame de la ligne 68
Après la Fondation Cartier, la voix automatique qui annonce les stations du bus 68, déjà très distinguée, devient très chic. Très « faubourg Saint-Germain ». En particulier quand elle annonce « Rue du Bâââââqq- René Châââââr ».
La république dans l’entreprise
La république dans l’entreprise ? « Ça va pas, non, c’est MA boîte ! Et puis quoi encore ? ». Osons le rapprochement : « Cela ne sied point, diantre, c’est MON royaume, c’est mon fief, mon duché ! ». Contrairement à ce que l’on pense, même s’ils n’avaient pas besoin de se ranger derrière l’icône de la devenue sacro-sainte « valeur travail », rois et nobles bossaient vraiment : ils géraient leur boîte-territoire. Ils rachetaient, fusionnaient, lançaient des OPA, des raids inamicaux. Et puis ça s’est arrêté : les peuples ont pris le pouvoir (pas toujours pour en faire grand-chose). En fait, on n’a pas réussi la révolution dans les entreprises. Ou alors ça n’a pas marché. L’entreprise reste le lieu d’une organisation du pouvoir (l’aristocratie, l’autocratie, le pouvoir de droit divin, la tyrannie) incroyablement proche des formes politiques anciennes voire primitives. Vous me direz : « Mais non ! Et le pouvoir des actionnaires, tu en fais quoi ? » Un actionnaire n’est pas un citoyen. C’est un petit potentat qui sème la terreur sur les malheureuses entreprises dont il détient un éclat du capital. « Et les syndicats ? Tu en fais quoi des syndicats ? » De qui me parlez-vous ? « Et les règles de gouvernance, et les règles d’éthique ? Et les valeurs d’entreprise. C’est fait pour les gogos ? » A votre avis ?
Le moche fluo de la peur
Dans les inquantifiables dégâts infligés à la civilisation par le principe de précaution, il y a un sommet : le gilet fluo que les cyclistes revêtent quand ils se risquent dans les rues des villes. D’abord parce que cette machine à vous faire voir, vous faire repérer, fait de vous, soudain, le centre d’un monde dont le seul ressort est la peur. Peur des autres, peur des méchants automobilistes forcément ennemis des gentils cyclistes. Ensuite parce que c’est moche. Atrocement moche. Quand Karl Lagerfeld le porte, c’est magnifique. Mais il ne le met qu’exceptionnellement, pour la publicité. Tandis que les cyclistes parisiens, ils le mettent tous les jours. Et c’est la perspective qui devient affreuse. Parce qu’on ne voit plus qu’eux. Parce que ça blesse les paysages. Parce que ça crée du stress quand rien ne le demande.