Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.
Ma terreur est riche
Ceux qui pensent que tout va mal en France sont finalement bien plus optimistes qu’on le croit. Ça va mal parce que ça pourrait aller tellement mieux : on est riches, définitivement, hurlons donc aux injustices ! En matière économique et sociale, par exemple, c’est extraordinaire comme il est devenu normal de penser que la France est finalement un pays si inépuisablement rupin, qu’il y aura toujours de l’argent à affecter à tel ou tel besoin, qu’il y aura toujours 200 familles à aller ponctionner, Paul deshabillant Jean qui se rhabillera grâce à Jacques, etc. On a décidé, une fois pour toutes, que nos réserves étaient inexhaustibles. Nos réserves financières (alors qu’ensemble, nous devons 1 600 milliards d’euros), nos réserves agricoles qui, nom de Dieu, permettraient, à les entendre, de nourrir tout le monde, nous-mêmes et toutes les Afriques, nos réserves de démocratie (alors que le système , tellement contraire au penchants premiers de la bête humaine, n’est ni une donnée ni un paramètre, mais un combat), nos réserves de civilisation (nos 2000 ans d’histoire vaudront-ils encore longtemps devant les coups de boutoir imbéciles du rap, de la culture « quartier » et de la panique de consommation ?), nos réserves de morale chrétienne, celle qui structure nos valeurs républicaines, notre code civil et notre code pénal, nos réserves d’inconscience qui permettaient de croire au progrès (n’ont-elles pas été asséchées par le « précautionnisme » incapacitant et généralisé ?), nos réserves de curiosité qui nous donnaient encore un rôle à jouer, des espaces à conquérir.
En fait, cette richesse-là, ce petit capital grignoté jour après jour sans que rien, ni personne, ne le régénère, nous l’avions constitué benoîtement, grâce à une volonté commune, une nécessité de survivre, une fierté bien placée et un petit aveuglement qui nous laissait croire qu’impossible n’était pas français. Je n’ose dire le nom de cette grâce perdue, aujourd’hui vieille lune. Il nous reste, heureusement, le sport.
Les Zorros, les zéros
A quoi sert la république ? A s’élever. Presque uniquement à cela. A s’élever ensemble. Et les lois de la république, ses préceptes, ses dogmes, à nous aider à le faire. Pour le reste, nous devrions être assez grands. Or un fondement de la république, cet ascenseur, bloqué au 5ème depuis 52 ans, c’est l’école. C’est l’école qui élève, en arrachant à la nuit, à l’obscurantisme, à l’injustice. Et l’école outragée, l’école brisée, l’école martyrisée par quarante années de connerie sédimentée, voici qu’on veut la priver de la seule machine à donner envie de progresser : les notes en primaire. Le ministre a dit non. Mais que des intellectuels, des nantis de la culture et bardés de diplômes, des bêtes à concours et des forts en thème qui ont carburé à la quête du vingt sur vingt jusqu'à l'âge de 30 ans viennent maintenant nous dire que pour sauver l’école, en luttant contre la stigmatisation, la fameuse stigmatisation, le découragement des pauvres mômes, il faut supprimer les notes, c’est vraiment stupéfiant.
Chercher la meilleure note, en soi-même, en travaillant, en pompant sur le voisin, sur Wikipedia, c’est ça, l’hormone de croissance.
Quand on a Cantona…
La Fondation Abbé Pierre est pour moi l’ONG qui communique le mieux. Avec justesse, en n'interpellant pas seulement notre indignation blasée. En nous convoquant. Regardez ici son dernier film. Magnifique !