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Il y a parti à prendre, partout, sur tout. Il y a avis à donner, opinion à dire, tripes à mettre sur la table. Exprimer sa liberté.

DEUXMILLE-TREIZE, ON VA S'AIMER

 

Deux-mille-treize, comme il y a eu Quatrevingt-treize, en toutes lettres, comme un roman (pas comme un département). De quelle fin de révolution compassée, de quelle Terreur douce  l’année qui vient est-elle le nom ? Je ne vois qu’une issue : on va s’armer. On va s’armer de courage. On va s’armer de patience. Le courage, la patience : ce qu’il nous resterait d’armes tant nous sommes démunis. 

 

J’ai lu une interview de Michel Serres dans le JDD ce matin. C’est un de ces vieux de la vieille, béats devant le monde qui vient, qui nous parlent sourire aux lèvres des cataclysmes qui nous attendent, tout blottis qu’ils sont dans une vie si longue qui les protège. Checked : done. J’ai donné, démerden-Sie sich sans moi, mais avec mes conseils. Ces salauds-là butinent dans nos soucis, s’inquiètent du sort qui nous est réservé. Michel Serres, Jean d’Ormesson, Edgar Morin, sans parler du Grand Indignateur : nous aimons ces pythies sans pitié qui s’oraclent le fond du gosier pour nous postillonner ce que nous ne voulons pas entendre. « Ce n’est pas une crise, c’est un changement de monde ». Tu m’étonnes, John. Mutatis mutandis, tout se passera bien, on en a vu d’autres. Hum. Moi, c’est le mutandis qui me glace. Qu’est-ce qui « doit être changé », absolument, catégoriquement ?

 

Moi, c’est le divorce de ce que nous sommes, tous ensemble, en France, avec ce que nous sommes, tous ensemble, dans le monde, qui me soucie. Nous, ici, sans défense, vidés d’un génie dont d’autres se sont emparés et qui les propulse devant nos yeux grands ouverts et nostalgiques : l’impossible impossibilité de faire et de penser qui nous mettait devant. La croyance dans le progrès. L’imprécaution. L’intempérance. La création. La curiosité. La découverte. La vraie liberté. C’était ça qui nous caractérisait, et non ces  pseudo-valeurs que nous croyons universelles, dont nous faisons gober au monde que nous  sommes les promoteurs, les détenteurs, les gardiens. L’improbable citoyenneté planétaire. Cette liberté factice, toujours (com)promise.

 

301716_483834744993297_164094329_n.jpgAllez, je blague. S’armer ? On va s’aimer. On va s’aimer à bouche que veux-tu, on va tous s’aimer. Tiens, on va tous se marier. On va se mélanger, se mixer, se centrifuger. On va tous se laisser voter les uns pour les autres, les uns contre les autres. 2013, une fête sans fin. Et puis, on va faire payer les riches. Ah, les enfoirés ! Qu’ils se barrent donc, qu’ils aillent dépenser leur fric ailleurs.  Monter leurs horribles business à l’étranger. Vous allez voir, on va épurer tout ça, bien entre nous. Ces péteux de Rastignac, qu’ils aillent donc conquérir Londres, New-York. Pourquoi pas Bombay, Pékin ou Sao-Paulo ? L’autre gros guignol, qu’il aille donc se goberger de l’autre côté de la frontière, tremper ses frites dans son waterzooï. Nous, on a Torreton. On le garde, il ne partira pas : il n’en a aucune raison !  Ça va avoir une de ces gueules ! On va venir du monde entier voir ça. Les investisseurs vont adorer, ils vont se précipiter faire la queue. C'est ça la France, bolosse …

 

 

-       Arrête, Vincent, tu exagères. Va plutôt préparer ton curry de sanglier pour demain soir.

-       Mais ça y est, la viande est dans la marinade, au frais (vin blanc, garniture aromatique, ail, oignons, cardamome, huile d’olive, vinaigre de cidre). Demain, cuisson 5 heures. Le curry vert est prêt. Le chutney de coing aux citrons de Nice est fait. Doux et piquant.

-       En entrée ?

-       Petites coquilles Saint-Jacques, juste poêlées, avec un trait de vanille.

-       Alors ça ne se présente pas si mal, 2013 ?

-       Non, pourquoi ?

-       Pour rien. Bonne année !

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